La réponse du Ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche publiée au JO le 02/01/2007

Il est porté à la connaissance de l'honorable parlementaire les éléments de réponse suivants. Historique : le logiciel libre a pris une place grandissante à l'éducation nationale à partir de 1998. Le ministère a été un précurseur en utilisant ces solutions à tous les échelons du système éducatif (établissements, services académiques...) et en acquérant au fil des années une compétence reconnue dans le domaine. Cette compétence a permis de mettre en place une politique de choix sélectif pour retenir les meilleurs outils issus du secteur sur des critères économiques et technologiques. Dès 2000, les offres basées sur des logiciels libres ont été systématiquement mises en concurrence avec les offres commerciales pour tous les choix structurants. Ainsi, les logiciels les plus connus comme LINUX, APACHE ou les suites bureautiques se sont imposés comme des références. LINUX (serveurs) : en établissements scolaires ou dans les services, les applications composant le système d'information de l'éducation nationale, sont principalement installées sur des serveurs fonctionnant sous LINUX (système d'exploitation « libre » concurrent de Windows XP). Dans les services académiques et à l'administration centrale, LINUX équipe plus de 98 % des quelque 1 500 serveurs qui hébergent les grands systèmes d'information de l'éducation nationale. Dans les établissements scolaires et les écoles, près de 15 000 serveurs LINUX « prêts à l'emploi » ont été déployés dans le cadre du schéma directeur des infrastructures avec des financements partagés entre l'État et les collectivités. Ces serveurs offrent des services de sécurité (pare-feu, filtrage...) et de communication pour accompagner les usages pédagogiques et administratifs. Les solutions pour le poste de travail : le poids du logiciel libre au sein du système éducatif a été un des éléments qui a permis de négocier avec Microsoft des tarifs particulièrement intéressants sur la suite bureautique office (moins de 40 euros). Ces tarifs attractifs ont limité le développement des suites bureautiques alternatives qui représentent un peu moins de 10 % des licences dans les services et les établissements. Cependant, la suite bureautique alternative Open Office est largement utilisée par le corps enseignant comme un outil de travail partagé avec les élèves ; la gratuité de la solution facilitant le déploiement dans les familles. Une démarche pragmatique : si le logiciel libre peut permettre de réduire les coûts d'investissement en rendant l'informatique moins dépendante des grands éditeurs, les solutions retenues doivent, pour cela, être parfaitement maîtrisées par la fonction informatique interne. Une mauvaise maîtrise génère des coûts cachés importants et peut faire apparaître une baisse globale de la qualité de service. Initiée très tôt, la démarche pragmatique a permis de placer le logiciel libre au niveau le plus pertinent du système d'information du ministère et d'en tirer les meilleurs profits. Ces déploiements se sont appuyés sur les compétences des centres informatiques. D'importants programmes de formation ont été mis en place pour que la culture soit largement partagée par les informaticiens et dans certains cas, l'utilisateur final. Pour les composants à haute valeur technologique (bases de données, serveurs d'application...), le recours à des solutions commerciales apparaît souvent comme nécessaire, car les solutions du « libre » peuvent manquer de maturité (notamment en terme d'outils d'administration). Le poids du logiciel libre au sein de l'éducation nationale reste un argument de négociation avec les éditeurs permettant de tirer les prix des licences commerciales vers le bas.

Le point de vue d'APITUX

On ne peut qu'être saisi d'inquiétude à la lecture de cette réponse et plus particulièrement de la dernière phrase : « Le poids du logiciel libre au sein de l'éducation nationale reste un argument de négociation avec les éditeurs permettant de tirer les prix des licences commerciales vers le bas ». Une telle incompréhension des enjeux du logiciel libre, des formats ouverts et de l'interopérabilité de la part d'un Ministre est tout simplement consternante. On serait tenté de lui faire un dessin ou de lui suggérer la lecture de quelques articles sélectionnés par nos soins sur Apitux.org :

Ou peut être tout simplement de s'inspirer de la réponse du Ministre de l'économie, des finances et de l'industrie à la question du député Richard CAZENAVE sur l'utilisation de systèmes et logiciels libres dans l'administration.

Et pendant ce temps là, le Ministère de l'agriculture et de la pêche officialise sa décision de migrer sa bureautique vers la suite libre Openoffice.org et c'est très bien. Notamment pour l'utilisation du format ouvert OpenDocument préconisé par le Référentiel Général d'Interopérabilité.

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