Un standard ouvert

La loi du 21 juin 2004 pour la confiance dans l’économie numérique [1] donne une définition précise de la notion de standard ouvert : « On entend par standard ouvert tout protocole de communication, d’interconnexion ou d’échange et tout format de données interopérable et dont les spécifications techniques sont publiques et sans restriction d’accès ni de mise en oeuvre » (Chapitre I - Article 4). Les spécifications du format OpenDocument sont disponibles gratuitement sur le site de l’OASIS [2] et utilisables par tous sans restriction. Il s’agit donc bien d’un standard ouvert.

Une réponse en matière d’interopérabilité

En plus d’être utilisé par défaut par l’excellente suite bureautique Openoffice.org, le format OpenDocument est également supporté par un nombre de plus en plus grand d’applications parmi lesquelles : StarOffice, NeoOffice, la suite KOffice sous GNU-Linux, TextEdit sous MacOS X, Abiword, Gnumeric ou encore les traitements de texte en ligne Writely, AjaxWrite et Zoho Writer. Une extension est en cours de développement pour ajouter le support du format OpenDocument au célèbre navigateur web Mozilla Firefox. Elle répond au nom d’ODFReader. Au mois de mai, IBM a annoncé son support du format dans la prochaine version de Lotus Notes.

Il ne s’agit donc plus d’être compatible avec un logiciel donné mais de respecter un standard accessible à tous. Le format OpenDocument a acquis en quelques mois une légitimité qui fait de lui une excellente réponse au problème de l’interopérabilité des documents bureautiques.

La société Microsoft quand à elle, après avoir longtemps dénigré ce standard a annoncé au cours de l’été 2006 son intention de l’intégrer à sa suite Microsoft Office [3] sous la forme d’un plugin externe actuellement disponible en version béta. Cette stratégie a cependant inspiré une certaine méfiance de la part de la communauté du logiciel libre en plus de laisser certains observateurs septiques [4] .

Un standard industriel

Le format OpenDocument a été adopté par l’OASIS [5] (un consortium mondial qui travaille pour la normalisation et la standardisation de formats de fichiers ouverts) en mai 2005 mais c’est surtout sa reconnaissance par l’ISO [6] le 1er mai 2006 qui a créé l’évènement. Tout projet intégrant l’usage du format OpenDocument peut donc désormais se référer à la norme ISO 26300. Cette nouvelle devrait encourager l’adoption du format OpenDocument, notamment dans l’industrie.

Le format OpenDocument dans l’administration

Le format OpenDocument fait l’objet d’un intérêt croissant de la part de l’administration en France [7] comme à l’étranger. En France, le Référentiel Général d’Interopérabilité [8] (RGI) en cours d’élaboration à la DGME (Direction Générale de la Modernisation de l’Etat) fait explicitement référence au format OpenDocument :

  • Règle 0025 Interopérabilité technique : il est RECOMMANDÉ d’utiliser le format OpenDocument pour les échanges de documents bureautiques semi-structurés (traitement de texte, tableur, présentation) ;
  • Règle 0026 Interopérabilité technique : il est OBLIGATOIRE d’accepter tout document au format OpenDocument pour les échanges de documents bureautiques semi-structurés (traitement de texte, tableur, présentation) ;
  • Règle 0027 Interopérabilité technique : il est INTERDIT de faire une migration depuis le format bureautique couramment utilisé par une organisation vers un format autre que le format ouvert OpenDocument.

Pour bien comprendre la portée de ces règles, il faut savoir que le RGI ne se limite pas à des recommandations en matière de normes et de standards techniques, comme le faisait autrefois le Cadre Commun d’Intéropérabilité (CCI). Le RGI a force d’obligation par voie d’ordonnance et concerne notamment les administrations de l’Etat, les collectivités territoriales et les établissements publics à caractère administratif.

Les associations ADULLACT, AFUL, April, CETRIL, FSF France, FFII France et SCIDERALLE ont appelé à soutenir le format ouvert OpenDocument dans le Référentiel Général d’Interopérabilité [9] . L’ODF Alliance [10] a également apporté son soutien à travers une lettre ouverte adressée à Monsieur Franck Mordack, directeur de la DGME à propos du RGI [11].

D’autres pays comme l’état du Massachusetts [12] , le Danemark [13] ou la Belgique [14] avancent dans la même direction.

À l’intérieur d’un fichier OpenDocument

Un fichier OpenDocument consiste en une archive compressée au format ZIP contenant plusieurs fichiers XML. En particulier les fichiers content.xml et styles.xml abritent respectivement les données contenues dans le fichier et leur mise en forme. On trouve également un fichier meta.xml qui contient les métadonnées qui servent à décrire le document (auteur, titre, date de création...). Enfin, les éléments binaires tels que les images contenus dans un fichier OpenDocument sont stockés dans un sous répertoire intégré à l’archive.

L’utilisation systématique de la compression confère au format OpenDocument un avantage certain en terme de taille des fichiers.

Pour en savoir plus

Sur Wikipédia :
Sur Apitux.org : le site de l’auteur consacré aux enjeux du logiciel libre, aux standards ouverts et à l’interopérabilité
En anglais

À propos de l’auteur

Jean-Christophe Becquet est le fondateur d’APITUX, cabinet spécialisé dans la formation et le conseil en informatique libre. APITUX est membre de l’ODF Alliance depuis juillet 2006.

Cet article est publié selon les termes de la licence Creative Commons BY-SA.

Notes

[1] La loi du 21 juin 2004 pour la confiance dans l’économie numérique : http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do;jsessionid=7A0FDD2AC1EBB74A6114B7DC402A611F.tpdjo08v_1?cidTexte=LEGITEXT000005789847&dateTexte=

[2] Les spécifications du format Opendocument au format PDF (en anglais) : https://www.oasis-open.org/committees/download.php/12572/OpenDocument-v1.0-os.pdf

[3] Microsoft et le format ODF : http://formats-ouverts.org/post/2006/07/12/877-microsoft-et-le-format-odf

[4] Microsoft et OpenDocument : la face cachée d’un étrange ralliement : http://www.itrmanager.com/articles/54721/54721.html

[5] La norme OASIS Open Document Format for Office Applications : https://www.oasis-open.org/committees/tc_home.php?wg_abbrev=office (en anglais)

[6] La norme ISO 26300 : http://fr.wikipedia.org/wiki/ISO_26300

[7] La bureautique en France : ce serait le format ouvert ODF : http://formats-ouverts.org/post/2006/05/24/816-mais-c-est-une-revolution-partie-2

[8] Le Référentiel Général d’Interopérabilité : http://www.apitux.org/index.php?2006/07/09/80-rgi-le-referentiel-general-d-interoperabilite

[9] Le communiqué Des formats ouverts pour l’interopérabilité dans les administrations : http://www.ffii.fr/Des-formats-ouverts-pour-l-interoperabilite-dans-les-administrations

[10] OpenDocument Format : une alliance de plus ? : http://www.itrnews.com/articles/50547/opendocument-format-alliance-plus-jean-marie-gouarne.html

[11] La lettre ouverte adressée à Monsieur Franck Mordack, directeur de la DGME à propos du RGI : http://www.odfalliance.org/resources/FranceRGI_20060614.pdf

[12] Le Massachussets opte pour le format OpenDocument et consulte : http://formats-ouverts.org/post/2005/09/02/520-une-nouvelle-prise-de-position-importante-du-massachussets

[13] Le Danemark déclare qu’il va utiliser le format ouvert ODF : http://formats-ouverts.org/post/2006/05/26/819-le-danemark-declare-qu-il-va-utiliser-le-format-ouvert-odf

[14] La Belgique et le format ouvert ODF : http://formats-ouverts.org/post/2006/06/24/853-la-belgique-se-mettra-aussi-aux-formats-ouverts-analyse-du-texte-de-l-annonce