DRM, ODF, discussion aux États-Unis d'une législation sur la neutralité de l'Internet, négociation de gré à gré de certains noms de domaine : la rentrée numérique ne nous laisse aucun répit.

L'examen du projet de loi sur le droit d'auteur aura été l'occasion d'une grande bataille autour d'une importante neutralité technologique : celle des formats. Les partisans des DRM, ces systèmes de contrôle de l'usage, s'en cachent de moins en mois : leur but n'est pas tant de permettre le paiement équitable de droits que de verrouiller les utilisateurs sur une plate-forme ou un circuit de distribution afin de « permettre de nouveaux modèles d'affaire ». Devant l'évidence, les masques finissent par tomber... C’est bien le contrôle de la diffusion de la culture qui est l’enjeu. Mais l’illusion sécuritaire est bien la marque de la période, puisqu’au même moment, les DRM de Microsoft affichent leurs faiblesses...

Cette bataille se poursuit aujourd'hui sur le terrain de l’informatique de tous les jours. Une possibilité historique s'offre en effet à nous aujourd'hui avec la normalisation de l'ODF (OpenDocument Format), un jeu de spécifications de format de documents textes, de feuilles de calcul, etc. Il est essentiel de la saisir. Il est en effet question de la manière dont tous nos écrits, et en particulier les documents administratifs , sont sauvegardés aujourd'hui et demain encore accessibles. Recourir à des formats neutres, connus de tous, et librement utilisables par chacun, c'est prendre des garanties pour l'avenir.

La neutralité des réseaux est également sous les feux de l'actualité. Aux États-Unis, ce sont les débats sur l'opportunité de l'adoption d'une loi imposant la neutralité du réseau pour contrer les tentations de certains fournisseurs d'accès à haut débit puis l'ouverture d'une enquête sur ce même sujet par la FTC. Au niveau mondial, ce sont les États-Unis qui, en renouvelant pour 5 ans le contrat de l'instance qui contrôle actuellement la racine des noms de domaine, l'ICANN, montrent en quelle haute estime ils tiennent la multilatéralisation de la gouvernance de l'Internet. Une reprise en main de cette organisation est pourtant urgente et dans l'intérêt de tous. Les contrats des exploitants des registres .info, .biz et .org sont en effet en train d'être modifiés d'une manière telle que la réservation de chacun des noms de domaine se terminant par une de ces extensions pourra être négociée de gré à gré. L'identité numérique fait un pas de plus sur la voie de la marchandisation. Face à ces pratiques, il devient de plus en plus urgent, non seulement de poursuivre, à travers l'Union Européenne, l'effort diplomatique mais également de nous donner les moyens de définir, s'il faut nous y résoudre, les noms de domaine comme nous le souhaitons. Contre les dérives d'un système centralisé, il nous faut mettre un peu de « peer to peer » dans les noms de domaine...

Voir aussi